« Tu n’es plus qu’un fil d’argent. Qui ne brille même pas. » MILO TIMOTHEE CLAYTON

HISTOIRE •

J’ai mis du temps à me pardonner à moi-même. Je n’ai pas totalement réussi d’ailleurs. Je m’en veux toujours. J’ai toujours cette colère en moi qui se ravive dès que je repense à cette époque de ma vie. Epoque pas si lointaine que cela. Ca remonte à quelques mois même. Ces quelques mois où tout me souriait. Oui j’étais heureux à l’époque. Moi, Milo Clayton, petit français, débarquant de sa Provence natale un an plus tôt pour me consacrer à ma grande passion, le hockey sur glace. Mes parents avaient été d’accord pour que je déménage au Canada, endroit qui me permettrait de vivre de ma passion tous les jours. Je voulais devenir un joueur professionnel. J’étais talentueux. Mon père croyait en moi. Ma mère aussi tout naturellement mais elle n’était attirée par ce sport qu’elle qualifiait de dangereux. J’étais parti tout seul pour Montréal. Mon petit frère Anton entreprenait ses études de médecine et mes parents souhaitaient rester près de lui. Moi j’étais le grand frère, j’étais indépendant.

L’adaptation n’a pas été dure. Mon seul obstacle fut le froid. Originaire de Valence, région chaude de la France, passer de 25 degrés à -15 degrés fut un réel choc. Mais finalement je m’accoutumai plutôt bien à la ville, au climat, à la culture. Je me plaisais dans ma nouvelle ville. Mon entraineur de hockey était plutôt fier de moi, j’avais un fort potentiel pour devenir très rapidement un très grand joueur et pendant cette même période, l’amour avait surgi dans ma vie. Clara. Elle s’appelait Clara et elle était belle à tomber. Elle faisait partie de l’équipe féminine de hockey dans le club où je jouais. Le courant était tout de suite passé entre nous. Nous avons vécu une belle histoire de plusieurs mois. Puis ce fut la descente aux enfers.

« Faites venir les pompiers vite ! ». J’étais à terre, je ne voyais plus les gens s’affoler autour de moi, aveuglé par la douleur. Nous étions à deux doigts de gagner. J’étais à deux doigts de mettre un point. Mais ce fut un dérapage mal contrôlé et mon genou me lâcha. Je n’avais jamais eu aussi mal de toute ma vie. Les pompiers étaient arrivés. Ils m’avaient évacué et j’avais passé la nuit à l’hôpital. « Je suis désolé monsieur Clayton, votre blessure est trop grave pour que je vous autorise à reprendre le hockey. Votre carrière sportive s’arrête là ». J’avais maintenant des trucs en fers dans le genou et le médecin venait de me donner une bonne raison, LA bonne raison de me foutre en l’air. J’étais venu au Canada pour être un grand joueur et un an plus tard mon rêve partait en fumée. Comme ça, sans prévenir. Un mauvais dérapage, une mauvaise chute, et ma vie était ruinée. C’était injuste. Tellement injuste que j’en avais chialé. Mais rassurez-vous, la descente aux enfers ne s’arrêtait pas là, non, elle commençait tout juste.

« Milo, je sais que c’est pas le bon moment pour toi mais il fallait que je te le dise. Je ne t’aime plus Milo. C’est fini. Je… j’ai quelqu’un d’autre ». Cela faisait un mois que je marchais en béquilles et que j’assistais à tous les entrainements de hockey sans pouvoir y participer. Un mois que je me persuadais que la vie valait quand même la peine d’être vécue. J’avais encore l’amour. J’avais encore Clara, ma petite amie. Mais quand ça part en couille, tout part en couille. Et après le hockey, c’était Clara qui prenait la poudre d’escampette. La descente aux enfers atteignait son apogée. Elle avait été mon véritable premier amour. La première fois que j’avais été si amoureux. Et là, elle venait de réduire la partie de mon cœur qu’il restait, en miettes. Mon cœur était mort, vide. Je n’avais plus aucunes envies de croire en la vie. Je m’en voulais. Je me trouvais complètement con d’avoir cru que l’amour était quelque chose qui était fait pour moi. Je m’en voulais de n’avoir pas su gérer ma chute et d’avoir perdu ma raison de vivre. La colère m’avait envahit pour ne plus me quitter.

Aujourd’hui, je ne peux pas dire que je m’en suis pleinement sorti. Premièrement, plus jamais je ne me laisserais embobiné par une fille et ses soit-disant sentiments. Plus jamais je ne tomberais amoureux. Je me suis mis aux coups d’un soir et cela me va très bien. Je baise et au revoir. Je suis un vrai connard les filles, mais fallait pas être salope avec moi. J’assiste toujours à des entrainements de hockey, le cœur gros. Mais j’ai moins mal dans la poitrine. Et je suis devenu coach assistant. Certes je ne peux plus jouer, mais je n’ai pas totalement tourné la page sur la grande passion de ma vie. Ma vie maintenant ? Le sexe, l’alcool et encore le sexe. Alors les filles, si vous voulez une bonne partie de jambes en l’air, venez me voir mais ne croyez pas que je suis le prince charmant.